Dans le cadre du temps fort TEPOS, nous avons accueillis un parcours le 25 novembre autour de la mobilité, ici la partie sur les vélis
Trois acteurs complémentaires réunis
Cette journée a permis de croiser les regards et expériences de trois structures engagées dans la transition des mobilités en milieu rural :
- INVD (Millau) : association d’habitants pionnière dans l’expérimentation des véhicules légers intermédiaires
- Le Centre Social du Chemillois : porteur d’une démarche de fabrication et d’expérimentation locale avec le vhélio
- L’Université d’Angers : coordinateur du programme de recherche RTMS







IN’VD Millau : l’expérimentation grandeur nature
Un territoire rural aux défis spécifiques
Hélène Jacquemin, co-fondatrice d’INVD (INnovation Véhicule Doux), a présenté son territoire : 32 habitants au km², des distances moyennes de 18,8 km pour aller au travail, et surtout une topographie contraignante avec jusqu’à 400 mètres de dénivelé. Dans ces conditions, le vélo classique montre rapidement ses limites.
Le projet VITAMINE 12
Lancée en janvier 2021, cette expérimentation teste en conditions réelles différents véhicules légers intermédiaires (VLI) – ces engins qui se situent entre le vélo et la voiture, principalement à 45 km/h.
Un cadre sécurisé exemplaire :
- Formation obligatoire d’une journée avec moniteur d’auto-école
- Panneaux « route partagée » installés avec le département
- Assurance spécifique négociée avec la MAIF
- Partenariat avec préfecture, gendarmerie, pompiers et services techniques
Des résultats probants :
- Plus de 72 testeurs (52% de femmes)
- 140 000 km parcourus au total
- 200 candidatures reçues
- Temps de trajet quasi équivalents à la voiture (34 min vs 30 min en VéLI)
L’enseignement majeur : La mobilité active (avec pédalage) remporte un franc succès, notamment les speedbikes et véhicules à assistance électrique performante. Les usagers découvrent qu’ils peuvent parcourir de longues distances sans épuisement.
Le Centre Social du Chemillois : fabrication et appropriation locale
Une approche par l’objet technique
Yvan, du Centre Social du Chemillois, a présenté une démarche complémentaire : celle de la fabrication d’un véhicule intermédiaire au sein du fablab local : Le Vhélio (retour sur sa fabrication).
La philosophie du projet :
- Partir de plans open source disponibles sur internet
- Construire avec les compétences locales
- Créer un véhicule réparable et modifiable
- S’approvisionner en pièces dans la quincaillerie du coin
Le Vhelio : de la fabrication à l’expérimentation
Le Vhelio a d’abord été un objet d’apprentissage par le faire :
- Première année : Le véhicule n’a pas roulé – questions d’assurance, de sécurité, ajustements techniques nécessaires
- Aujourd’hui : Le véhicule est opérationnel avec de beaux sièges réalisés par une tapissière locale présente au Fablab, mais l’usage tarde à venir
De l’objet technique à la réflexion territoriale
Cette fabrication a ouvert des perspectives plus larges :
- Rencontre avec d’autres porteurs de projets véhicules intermédiaires
- Participation au salon véli à LAVAL
- Identification de nouveaux besoins sur le territoire
Exemples concrets d’usages identifiés :
- Des structures qui trouvent coûteux d’utiliser leur voiture pour de petits déplacements par exmeple pour le travail à domicile (ASMD, ADMR, etc)
- Une pizzeria a investit dans une AMI, tout en la mettant à disposition de ses salariés pour leurs trajets domicile-travail (réponse au problème de recrutement lié au manque de mobilité)
- Demande d’une personne pour amener sa fille à l’école (problèmes de santé)
L’intégration au programme TIMS MERCIS
Le Centre Social travaille désormais sur un programme plus large de mobilité inclusive et sobre en lien avec Le Cler, dont les véhicules intermédiaires constituent un volet de l’action : https://bocal.csc49.fr/2024/06/12/mobilite/
Le programme de recherche RTMS
Une mise en abîme de la recherche-action
Emmanuel Biotteau, de l’Université d’Angers, a présenté le programme RTMS (Ruralité Transition Mobilité Sobriété), financé par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projet TEES (Transition Écologique, Économique et Sociale).
La genèse du projet : Un montage express en 15 jours seulement, grâce à la rencontre entre Violetta (doctorante) et Hélène d’INVD, puis l’identification rapide de territoires complémentaires.
Trois terrains d’étude complémentaires
Le programme compare trois contextes différents de mise en place d’expérimentations :
- Millau : Expérimentation mature (3 ans), portée par une association d’habitants, avec données riches à exploiter
- Chemillé : Approche par la fabrication et l’animation locale via le Centre Social associatif
- Nord Mayenne : Territoire identifié pour ses enjeux similaires, mais sans offre de mobilité tenable, avec une porte d’entrée par les élus et l’animatrice du GAL
Les objectifs de recherche
Regarder le « faire ensemble » :
- Comment les différents acteurs (habitants, élus, techniciens, gendarmes, etc.) arrivent-ils à coopérer ?
- Comment la rencontre avec les véhicules intermédiaires facilite-t-elle le dialogue territorial sur les mobilités ?
- Comment cette coopération permet-elle d’installer durablement la réflexion sur les mobilités ?
Double regard sur les VéLI :
- Comme médiateurs pour faire dialoguer les acteurs du territoire
- Comme réponses concrètes aux problématiques de mobilité des personnes
L’exploitation des données INVD
Ambre, recrutée en juin 2025, travaille sur l’exploitation des données collectées par INVD :
- Données numériques de la plateforme co-construite avec l’ADEME
- Carnets papier numérisés (malgré certaines écritures… hiéroglyphiques après les soirées vitamine !)
- Focus sur les dimensions relationnelles : rapport aux autres usagers, transformation des pratiques, rapport au territoire
Violetta, arrivée en septembre 2025, conduira des entretiens approfondis à Millau pour tirer l’expérience dans le détail.
Durée du programme : 2 ans d’étude + 1 an de valorisation
Les défis partagés
L’homologation
Le principal frein reste l’homologation des véhicules à mobilité active à 45 km/h. La question du pédalage sur des véhicules classés en catégorie L6 (quadricycles légers à moteur) divise :
- Certains agents considèrent que « le pédalage n’est pas prévu donc il est interdit »
- D’autres estiment que « le pédalage n’est pas prévu donc il faut le prévoir »
Des discussions sont en cours avec le Ministère de la Transition Énergétique et la DGITM pour trouver une issue.
Les vélomobiles : une famille à part
La question des vélomobiles (25 km/h) a été évoquée. S’ils ne font pas partie du cœur de l’expérimentation INVD (focalisée sur le 45 km/h pour le déplacement utilitaire quotidien), ils représentent une solution pertinente pour certains usages et certains territoires.
Un utilisateur témoigne : 17 000 km par an en vélomobile contre 3 000 km en voiture, avec trois véhicules différents selon les besoins du jour.
Le passage à l’achat
L’intérêt est manifeste mais peu d’acquisitions pour l’instant, faute de véhicules homologués disponibles. Les testeurs conquis expriment attente et frustration.
La question économique
Une réflexion émerge sur un modèle de location longue durée (50-75€/semaine) qui pourrait :
- Couvrir les coûts locatifs
- Permettre aux collectivités de déployer des expérimentations
- Rendre accessible le test sur plusieurs semaines
Perspectives et rendez-vous
Prochains rendez-vous :
- Séminaire de formation INVD les 5-6 novembre 2025 à Millau
- Poursuite du programme RTMS jusqu’en 2027
- Développement du programme TIMS à Chemillé
Contact INVD : www.invd.fr
Contact Centre Social de Chemillé : severine.huchin@centresocial-chemille.asso.fr
Programme RTMS : Université d’Angers ESEO
